
Le spectacle du « Palais d’Hiver- St Pétersbourg Ballet », annoncé sur France 2, est un spectacle de séduction et de pure énergie en deux actes, composé par le « Boléro » de Ravel, « L’après-midi d’un faune » de Debussy et des extraits les plus forts musicalement de « Carmina Burana » de Carl Orff et du
« Sacre du Printemps » d’Igor Stravinsky.
Le premier acte est une échappée vers les côtés les plus
sauvages de l’homme à travers des ballets imaginés par
Vaslav Nijinski. Considéré comme un être presque irréel
sur scène, le grand Nijinski n’était pas apprécié en tant
que chorégraphe. Son insolence dans « L’après-midi d’un
Faune », son audace dans sa chorégraphie du « Sacre du
Printemps » ont fait parler, parfois protester pendant le
spectacle même. "J’ai soixante ans, et c’est la première
fois qu’on ose se moquer de moi", s’étrangle la comtesse
René de Pourtalès à la première du « Sacre du Printemps ».
Néanmoins les désirs et les pensées charnelles dans
« L’après-midi d’un faune » présentés par un poème dansé
s’élèvent vers le spirituel. Aussi dans la primitivité des
rituels païens du « Sacre du Printemps » se trouve
l’authenticité de l’homme en tant qu’être Terrestre.
La version du « Sacre du Printemps » du ballet
russo-français est appuyée surtout par la musique de Stravinski, son originalité et sa puissance.
« Le tableau de Rusi » est « dessiné » par les couleurs du
printemps. Les rituels païens sont sauvages et beaux à
la fois, ils symbolisent le désir débridé du réveil des
sens endormis pendant le long hiver et aussi le
renouvellement. Ce réveil est sacré comme le printemps,
chaque année il s’annonce et s’affirme par le pouvoir
suprême et la sagesse de la Nature.
Le « Boléro » de Ravel, commandé au compositeur par Ida
Rubinstein, et dansé par elle-même dans sa première
représentation par un ballet en 1928, à l’âge de 43 ans, est
devenu l’œuvre la plus célèbre et la plus jouée dans sa
catégorie. Néanmoins la chorégraphie avait fait scandale
et était jugée trop sensuelle. Dès lors, cette musique
extraordinaire a tenté les plus grands créateurs de la danse
pour donner au monde leur version du Boléro.
Maurice Béjart, sans doute, trône en tête de liste.
La chorégraphie du « Palais d’Hiver- St Pétersbourg Ballet »
offre sa lecture particulière du crescendo de l’œuvre
universelle de Ravel. Dans le cadre du spectacle des ballets
controversés, le Boléro exprime l’intensité, l’accumulation et
la croissance de cette puissante énergie, parfois folle, propre
à l’essence de l’Homme car elle est créée par la même Nature.
Cette énergie immense se délivre dans le dernier tableau du
spectacle, « les images magiques » de « Carmina Burana », une cantate scénique composée par Carl Orff en 1935-1936,
d’après des poèmes médiévaux.
Une délivrance de telle force comme dans le ballet
« Carmina Burana » n’aurait jamais pu apparaitre sur scène sans les changements dans le monde du ballet classique, réalisés au début du XXème siècle par « Les Ballets Russes » qui révolutionnent une compréhension et vision du corps humain, d’une part en affirmant sa révélation par le biais de nouvelles formes chorégraphiques et de design de costumes qui soulignent surtout la beauté du corps du danseur et de son
mouvement et d’autre part en déchaînant le processus de
recherche constante dans le monde de la danse,
concurremment avec la recherche dans la complexité
de l’essence humaine.
